Depuis plusieurs années, on parle de plus en plus de la responsabilité sociale des entreprises. Il s'agit de demander aux entreprises de prendre en compte l'impact social et environnemental de leurs activités, et de faire en sorte que leurs activités n'aient pas des conséquences négatives sur ceux avec lesquels elles interagissent (fournisseurs, clients, riverains des usines, etc.).
De plus en plus, des groupes de personnes, des associations, demandent aux entreprises d'être plus "responsables", et essaient faire punir celles qui ne le font pas, soit par la voie légale, soit en incitant les consommateurs à ne plus acheter leurs produits.
Demander des comptes aux entreprises, c'est essentiel, mais les consommateurs dans tout ça, n'ont-ils pas un rôle à jouer ?
Si les entreprises produisent des biens et services, c'est parce qu'ils vont être consommés, parce qu'elles ont capté une demande de la part de clients potentiels. Et si les biens ou services ne sont pas achetés, alors l'entreprise mettra rapidement la clé sous la porte.
Chaque jours, nous faisont des actes d'achat. Nous utilisont notre carte bien bien plus souvent que notre carte d'électeur. Par ce que nous en faisons, nous faisons chaque jour entendre notre voix aux entreprises et à la société. En cela, nos actes d'achats ne sont pas anodins.
Si nous souhaitons que le monde soit meilleur, que les enfants cessent de travailler et que notre planète soit moins polluée, nous avons mieux à faire que de pester contre les multinationales.
Pour les entreprises, faire les choses de manière responsable, cela coûte de l'argent. Cela coûte plus cher de fabriquer des chaussures en France qu'en Chine ; cela côute également plus cher de payer correctement ses salariés que de les exploiter. Cela, chacun en conviendra. Il y a plus de chances (même si ça ne guaranti rien) qu'une paire de chaussures à 60 € ait été fabriquée dans de meilleures conditions qu'une paire de chaussures à 10 €. Pourtant, ces chaussures à 10 €, nous continuons de les acheter. Parce que cela permet d'en avoir plus, d'en changer plus souvent. Et puis, direz-vous, tout le monde n'a pas les moyens de les acheter, ces chaussures chères. Sauf qu'elles s'useront plus vite et qu'il faudra les renouveller plus souvent. 6 paires de chaussures à 10 € dans l'année, cela ne sera pas moins cher qu'une seule paire à 60 €.
Et mon plaisir, direz-vous alors ! Cela me fait plaisir de pouvoir acheter des vêtements, des chaussures, je travaille dur pour m'offrir ce plaisir !
Certes, celà demande de faire des efforts, de réfléchir avant d'acheter, de refuser quelque chose qui nous tente, parce qu'on pense que ça n'a pas forcément été fabriqué dans des conditions idéales. Mais est-ce que parce quelque chose demande des efforts ou peut entrainer une frustration qu'il ne faut pas le faire. Le sacro-sain plaisir du consommateur, à qui, en échange de quelques euros, rien n'est refusé !
En outre, comment savoir si un bien a été produit dans des conditions justes? En se renseignant, en lisant des magazines pour consommateurs. Bien sûr, cela prend du temps de s'informer. Mais est-ce que ça ne doit pas nous prendre du temps d'être des citoyens ? Est-ce que nous ne prenons pas le temps de la réflexion avant de voter ? Alors pourquoi pas avant d'acheter ?
Par ailleurs les entreprises, poussées par des groupes de consommateurs, sont de plus en plus transparentes sur leurs activités. Elles publient des rapports annuels, entreprennent des démarches telles que la publication de l'empleinte CO2 des produits (initiatives mise en place récemment par l'enseigne Casino).
Enfin, des groupes de consommateurs se font le relais de bonnes pratiques ou de pratiques plus discutables et ont créé des sites Internet tels que celui du collectif de l'Ethique sur l'Etiquette, ou plublient des rapports tels que celui du WWF sur les entreprises du luxe. C'est, vrai, si l'on décide de cesser d'acheter des vêtements fabriqués en Chine, c'est très difficile, puisque des tas de grands distributeurs se fournissent quasi exclusivement auprès de sous-traitants chinois.
Aujourd'hui encore, malgré l'émergence de tous ces groupes de consomma'cteurs, de décroissants, etc., les consommateurs semblent pour la majorité d'entre eux, schizophrènes. Il veulent vivre dans un monde idéal, mais ne sont pas prêts à renoncer à leur plaisir.
Or, si l'ont veut que les entreprises agissent mieux, on doit le leur faire savoir par nos achats de tous les jours. Et pour consommer mieux, c'est dur à entendre, peut-être allons nous devoir consommer un peu moins.