mercredi 24 juin 2009

Voler aux pauvres pour donner aux petits bourgeois?

Le président de la République Française, Nicolas Sarkozy, a annoncé aux parlementaires réunis en congrès qu'il écartait toute politique de rigueur budgétaire et envisageait de recourir à un emprunt national. Une telle décision n'est nullement révolutionnaire (Giscard et Balladur avaient eux-même utilisé cet emprunt, et d'autres avant eux), mais découle d'une logique que l'on peut au mieux qualifier d'irresponsable.

Pour la troisième année consécutive, Nicolas Sarkozy refuse à son ministre de l'économie, Christine Lagarde, la politique de rigueur bidgétaire qu'elle préconise (et que les experts de Bercy préconisent eux aussi). Rappelons qu'en juillet 2007, quelques semaines avant le début de la "crise", Nicolas Sarkozy avait justifié l'abandon de la politique de rigueur par une "conviction" d'une "croissance plus élévée en 2008 qu'en 2007". Bravo monsieur le président!

Mais pourquoi Nicolas Sarkozy refuse-t-il ainsi toute politique de rigueur (une mesure pourtant ancrée à droite et qui, dans certains cas, peut s'avérer très efficace pour redresser l'économie)? Vous connaissez déjà la réponse à cette question. Personne n'a envie de s'entendre dire "Tu payeras plus d'impôts et le service public sera moins performant." Personne, et surtout pas les classes moyennes. Ceux-là même qui forment le gros du soutien au président.

Donc, si Nicolas Sarkozy veut être réélu, hors de question d'envisager une politique de rigueur, même si cela implique un prolongement de la crise économique et une augmentation du chômage.

Dès lors, sans politique de rigueur, la seule alternative du gouvernement est l'emprunt. Mais Nicolas Sarkozy ne peut se contenter de l'emprunt publique, il sait qu'il ne sera populaire que s'il agit, fût-ce en dépit du bon sens. Dans la mesure où de nombreuses mesures prises au début de son mandat (la réforme des heures supplémentaires, l'aide à l'innovation) ont été extrêmement coûteuses (quoiqu'inefficaces, mais là n'est pas le propos), l'emprunt atteint 80% du budget et ne peut pas être augmenté (oui, oui, 80% de nos impôts sert à payer les intérêts des banques parce que le gouvernement ne veut pas engager de politique de remboursement de la dette) il faut en appeler à un emprunt public.

L'emprunt public est un moyen efficace et sûr d'obtenir des fonds. De plus, il est sans danger pour le créancier, des gens comme vous et moi, et leur rapporte même beaucoup. Les emprunts publics Giscard et Balladur, par exemple, ont été de francs succès. Magnifique, pas vrai?

En fait, non.

Ce n'est magnifique que pour le petit bourgeois (et pour Nicolas Sarkozy). Car un tel emprunt coûte très cher. L'emprunt Balladur avait permis d'amener 7 Milliards de francs dans les caisses de l'Etat. Lors du remboursement, l'Etat avait dû rembourser 80milliards de francs (source: http://www.ouest-france.fr/actu/economieDet_-L-emprunt-Sarkozy-pourrait-couter-cher-a-l-etat-_3634-981567_actu.Htm).

Sauf que, quand l'Etat rembourse, c'est le contribuable qui met la main à la poche. Alors, récapitulons: si l'on possède un petit pécule, et que l'on souscrit à l'emprunt, celui-ci nous rapportera. En revanche, si l'on ne possède pas de pécule, on devra quand même payer pour les intérêts de cet emprunt. En clair, cet emprunt ne profite qu'aux petits bourgeois, et coûte aux classes sociales plus pauvres. Mais les premiers voteront en masse pour Sarkozy, c'est sûr.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire